domingo, 19 de abril de 2009

Maroc : la population de Sidi Ifni a contraint le pouvoir à reculer


La justice marocaine, réputée pour ses penchants répressifs, a fait preuve d’une clémence toute stratégique. Les accusations ne tenaient pas la route.

Reporté deux fois sous divers prétextes – dont l’une des conséquences est d’avoir maintenu quelques semaines de plus en prison des innocents – le procès des 22 militants de Sidi Ifni, qui veulent sortir leur petite ville de la misère, s’est terminé dans la nuit du 9 au 10 avril. Après dix-sept heures de débats souvent inaudibles en raison d’une sonorisation à l’image de la justice marocaine : déplorable.

Même si des accusés resteront encore quelques mois en prison, le tribunal d’Agadir, au sud du Maroc, n’a pas pu faire autrement que de prendre en compte l’exceptionnelle mobilisation de la population locale soutenue par de nombreuses associations et la présence de plusieurs observateurs internationaux. Les incohérences multiples de l’acte d’accusation ont fait le reste. Résultat des courses : après des heures d’attente et d’inquiétude, cinq accusés resteront encore quelques mois en prison. Les dix-sept autres, dont dix étaient déjà en liberté provisoire, ont été soit acquittés, soit libérés pour avoir déjà purgé leur peine.


Des accusations farfelues et non-fondées

Pour Attac Maroc, association à laquelle appartiennent plusieurs militants emprisonnés, comme pour toutes les associations représentées à Agadir, ces peines, aussi « injustes et indignes d’un État de droit » soient-elles, sont « une reconnaissance par le pouvoir de l’inanité des accusations portées contre les détenus de Sidi Ifni » et, en particulier, l’absence de toute preuve à l’appui des accusations graves portées contre les militants : « constitution et direction d’une bande criminelle », « tentative d’assassinat », « rassemblement armé », « port d’arme ostensible lors de manifestation », « destruction d’établissement industriel et d’un établissement portuaire » etc. Accusations invraisemblables mais qui pouvaient entraîner des peines excessivement lourdes.


Cependant, pour Attac Maroc, comme pour la population de Sidi Ifni, qui a observé une grève générale le jour du procès, la relative « clémence » du tribunal d’Agadir ne suffit pas.

Pour elles, le règlement définitif de ce lourd dossier passe par la relaxe de l’ensemble des détenus, par l’engagement d’une enquête et de poursuites à l’encontre des responsables des violences commises lors de la dure répression du 7 juin 2009.

Et, last but not least, par la réalisation effective d’un plan de développement pour la région avec la participation lors de son élaboration et de sa mise en œuvre des représentants du mouvement citoyen qui a porté la revendication d’un tel plan.

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